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Hommage à Bram van Velde

Tribute to Bram van Velde Exhibition: 19 October 2006 - 28 January 2007

Bram van Velde, Sans titre (Montrouge), ca. 1941. Geneva, Musée d'Art et d'Histoire

Bram van Velde, Sans titre (Montrouge), ca. 1941
Geneva, Musée d’Art et d’Histoire

Curator

Claude Ritschard

From the museum website

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Genève, octobre 2006.– Né à Zoeterwoude, près de Leyde, en Hollande, le 19 octobre 1895, mort à Grimaud, en France, le 28 décembre 1981, Bram van Velde est l’un des rares étrangers à se voir décerner l’honneur d’un chemin portant son nom. Étrange destin pour la mémoire d’un artiste qui n’a cessé de voyager tout au long de sa vie, de sa ville natale à Leyde, La Haye, Munich, en Allemagne du Nord, en Corse, en Espagne, à Majorque, dans le Midi de la France, avec Paris et sa banlieue au centre de ses pérégrinations, et, vers la fin de sa vie, à Genève, un port d’attache pendant une dizaine d’années, certes entrecoupées par les déplacements que lui vaut la reconnaissance – tardive – de l’importance de son œuvre.

Cette reconnaissance, la Suisse – et Genève en particulier – y a grandement contribué. C’est en effet Franz Meyer, alors directeur de la Kunsthalle de Berne, qui, en 1958 déjà, offre à Bram van Velde sa première grande rétrospective, et publie un catalogue qu’il préface. On sait l’importance du rôle qu’ont joué, non seulement en Suisse mais aussi à l’étranger, la Kunsthalle de Berne et celle de Bâle – dont Franz Meyer sera également le directeur – en tant qu’institutions pionnières et instruments de découverte. Alors que les expositions précédentes de Bram van Velde n’avaient rencontré que le succès d’estime de ses pairs artistes et écrivains, cette première rétrospective sera suivie d’une deuxième, en 1959-1960, au Stedelijk Museum d’Amsterdam. Bram van Velde est alors dans sa pleine maturité de peintre et les conservateurs de musée, les écrivains, les historiens et critiques d’art qui ont reconnu son talent, tels Franz Meyer, Willem Sandberg, Samuel Beckett, Jacques Putman, Jean Leymarie, Charles Juliet, pour ne citer que quelques noms, suivront sa carrière jusqu’à sa mort, présents dans la plupart des ouvrages qui lui seront consacrés.

Le premier voyage en Suisse de Bram van Velde, à Berne en 1958, est suivi, une année plus tard d’une invitation émanant de Jan et Vivette Krugier à passer Noël à Genève. C’est à cette occasion qu’il rencontre Madeleine Spierer – peintre elle aussi –, la sœur de Vivette. Entre 1960 et 1965, date à laquelle Bram décide de se fixer à Genève auprès de Madeleine, il mène une vie nomade, entre Paris et Genève, et accomplit de fréquents voyages au fil des expositions qui lui sont consacrées. En 1967, il est officiellement domicilié chez Madeleine Spierer, à La Chapelle-sur Carouge. Il y demeurera jusqu’en 1977, date à laquelle, ayant rompu avec Madeleine, il regagne Paris. Dès cette année, il fait de fréquents séjours à Grimaud. Il s’y fixera en 1980, une année avant sa mort.

Les quelque dix ans de vie genevoise ne constituent qu’une phase dans les quelque cinquante-cinq ans de peinture de Bram van Velde. Mais ces années ont été d’une grande importance non seulement dans la production du peintre, mais surtout pour Genève, sa scène artistique et ses institutions. C’est à La Chapelle-sur-Carouge qu’il réalise, en 1960, une série de lavis d’encre de Chine. C’est alors qu’il est installé à Genève que Bram van Velde se met à la lithographie, en 1967. Dans un climat d’« affinités électives », des liens puissants se sont noués qui ne se seront jamais rompus. Avec Jan Krugier, qui lui offre sa première exposition dans une galerie genevoise, en 1962, avec Jacques Benador, qui, à partir de 1969, l’exposera régulièrement dans sa galerie. L’intérêt du Musée d’art et d’histoire pour l’œuvre de Bram van Velde débutera en 1971, avec la reprise, au Musée Rath, de la rétrospective organisée par le Musée national d’art moderne de Paris. En 1974, le Cabinet des estampes du Musée d’art et d’histoire présente le premier volet de l’œuvre lithographié de Bram van Velde, dont Rainer Michael Mason et Jacques Putman viennent de publier le premier des trois volumes du catalogue raisonné. Avec Rainer Michael Mason, Bram van Velde a rencontré non seulement un ami fidèle, mais un exégète impeccable qui sera, en quelque sorte, l’héritier spirituel qui signera la grande rétrospective du centenaire, présentée au Musée Rath en 1995. Aussi ne s’étonnera-t-on pas que Bram ait fait don de la totalité de son œuvre lithographié au Cabinet des estampes, renforçant ainsi une collection qui, commencée en 1965 avec l’acquisition, par la Société des amis du Musée d’art d’histoire, dont Paul Geneux est alors le président, d’une grande gouache réalisée en 1962, est augmentée, en 1975, par l’acquisition d’un ensemble de six tableaux, dont deux à double face, et s’est poursuivie régulièrement par l’achat d’œuvres susceptibles de constituer un ensemble qui retrace l’aventure du peintre, depuis les œuvres de jeunesse (1924) jusqu’à celles de la maturité (1977), les deux derniers tableaux acquis, l’un datant de 1951, l’autre, de 1930, étant entrés dans le patrimoine du Musée en 1996 et en 2002.

Hormis les huiles sur toile, les gouaches ou lavis, même marouflés sur toile, sont fragiles. Pour des raisons de conservation, le Musée d’art et d’histoire a renoncé à exposer la totalité du patrimoine sur papier qu’il conserve. Mais l’ensemble de douze œuvres sur toile qu’il présente en Hommage à Bram van Velde suffit à démontrer, d’une part l’importance de la collection genevoise, d’autre part l’évolution d’une œuvre majeure dont l’autorité, au sein de la scène moderne du XXe siècle, ne fera que s’affirmer de plus en plus manifestement au cours du XXIe siècle.