From the museum website
Cesar Domela (1900-1992) occupe une place à part dans l’histoire de l’art moderne. D’abord peintre figuratif, puis néoplastique, il trouve sa voie dans la création de reliefs aux géométries baroques auxquels s’identifie aujourd’hui encore son œuvre.
Autodidacte, initié à la peinture au début des années vingt lors d’une expérience communautaire à Ascona, il peint en 1923 ses premières toiles abstraites. La rencontre avec Mondrian et Van Doesburg à Paris à la fin de 1924 introduit dans l’œuvre de Domela une rigueur et une pureté accrues. Ses premières toiles néoplastiques prouvent qu’il assimile très vite la doctrine du groupe De Stijl : couleurs primaires associées au noir, au blanc et au gris, plans rectangulaires déterminés par l’intersection de lignes horizontales et verticales. Il rompt cependant dès 1925 l’orthogonalité des compositions néoplastiques par l’introduction de la diagonale, avant d’employer dans ses œuvres, à partir de 1928, des matériaux non picturaux. C’est ainsi qu’apparaissent ses premiers reliefs, intégrant des bandes de laiton, des plaques de verre et des grilles de fonte. Suivent des compositions aux lignes courbes, jouant sur l’opposition du sombre et du clair, du froid et du chaud, des pleins et des vides, qui confèrent leurs lettres de noblesse au plexiglas et au duralumin, associés à des bois et matériaux précieux, ébène ou macassar, cuirs et écailles.
Domela a également déployé une activité importante dans le domaine du photomontage et de la typographie publicitaires. Il réalise ainsi de 1928 à 1932 diverses brochures, encarts, prospectus, imprimés de toutes sortes pour les firmes industrielles comme AEG, Osram, Ruthsspeicher, des maisons d’édition, des syndicats, ou encore des villes comme Hambourg. Domela participe à plein titre à cette famille d’artistes, tels El Lissitsky, Piet Zwart et Jan Tschichold, qui ont consacré une part non négligeable de leur activité aux travaux publicitaires, conçus comme une manière de faire passer dans la vie une certaine esthétique, de forger une nouvelle sensibilité. À Berlin, il fréquente Raoul Haussmann et Naum Gabo, assiste aux représentations du théâtre de Piscator, est proche de Schwitters et de Friedrich Vordemberge-Gildewart – eux aussi grands typographes –, de Carl Buchheister, des membres du groupe « Die Abstrakten » de Hanovre, de Kandinsky et de Moholy-Nagy. Son intérêt marqué pour le photomontage se traduit par l’organisation en 1931 de l’exposition la plus complète sur ce sujet, présentée à la bibliothèque de l’ancien musée des Arts appliqués de Berlin sous le titre Fotomontage.
L’exposition du musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg s’attache tout particulièrement à présenter les œuvres des années de formation de Cesar Domela, ses recherches dans le domaine du photomontage et du graphisme publicitaire (le plus important ensemble présenté à ce jour), ainsi qu’une sélection des reliefs montrant l’évolution de son œuvre.
Elle sera accompagnée d’un catalogue rassemblant, à côté des essais d’Emmanuel Guigon («Une mosaïque du toucher»), Evert van Straaten («Domela et De Stijl»), Roxanne Jubert («Dimensions graphiques de l’œuvre de Domela») et Guitemie Maldonado («123 Domela»), des extraits d’entretien de Cesar Domela avec Giovanni Battista Martini et Alberto Ronchetti et le texte d’une conférence de Cesar Domela portant sur sa conception du photomontage (isbn : 978-2-35125-048-8, prix provisoire : 32€).