The museum in Valenciennes shows an in-depth presentation of this work by Anthony van Dyck. The painting originally hung in the Notre-Dame-de-la-Chaussée church in the same city.
From the museum website, 1 July 2009
Le Martyre de saint Jacques peint par Anton van Dyck provient de l’église Notre-Dame-de-la-Chaussée à Valenciennes. Il représente les martyres de saint Jacques et de Josias, tels que les relate la Légende dorée parue au XIIIe siècle. Jacques, disciple de Jésus, est mené la corde au cou devant Hérode Agrippa et se voit condamné à la décollation. Alors qu’il est conduit vers le lieu de son supplice, l’apôtre guérit un paralytique. Le scribe Josias, qui assiste à ce miracle, se convertit aussitôt au christianisme, précipitant ainsi sa fin, puisqu’il sera exécuté en même temps que saint Jacques.
Van Dyck a choisi de dépeindre le moment où Josias gît, décapité. Le corps ramassé du scribe esquisse une diagonale partant de l’angle inférieur droit de la toile pour remonter vers la gauche, jusqu’au bourreau armant de nouveau son geste. Cette ligne oblique, de même que la tête abattue de Josias au premier plan, le sang jaillissant des veines du cou, colore la composition d’un sentiment dramatique particulier, propre à l’art de la Contre Réforme. Au centre de la composition, saint Jacques désigne le corps sans vie de Josias, adressant au Ciel un regard surprenant, empli de courroux plutôt que de supplication.
La puissance de ce regard suffit à révéler le talent d’invention d’Anton van Dyck. L’artiste était connu de son vivant, tant pour la qualité psychologique de ses portraits intimes, que pour l’originalité de ses grandes compositions religieuses. À la différence des premiers, les tableaux religieux étaient réalisés à partir de nombreuses études, faites d’après des modèles vivants issus des couches modestes de la population. Van Dyck prenait ainsi plaisir à des études sur le vif, dont il s’inspirait en particulier pour le dessin de ses apôtres. L’extraordinaire prégnance de la figure de saint Jacques, au visage sombre, au regard sans concession ni résignation apparaît comme le résultat de cette observation constante de types populaires.
L’œuvre de van Dyck doit encore beaucoup à la leçon de ses maîtres, Rubens en particulier, mais aussi, par le jeu des modèles, Véronèse, le grand peintre vénitien. Van Dyck puise dans son exemple ces vifs accents de blanc pur venant révéler l’éclat de l’armure du cavalier situé à droite de la composition. Caractéristique paraît encore l’utilisation de rapides touches de teintes pastel soulignant le mouvement des drapés ou les traits d’un visage. Les tonalités assourdies de bruns et de gris, enfin, confèrent à la toile une atmosphère fondue très particulière, et viennent isoler quelques plages de couleurs vives, le manteau bleu du saint, le costume vert du bourreau, les tuniques roses des deux cavaliers. Ces effets permettent de dater le tableau du musée de Valenciennes des années 1627 à 1632, et de mesurer la synthèse entre le baroque anversois et la peinture vénitienne, alors si brillamment maîtrisée par Anton van Dyck.