Exhibition around a newly discovered portrait by Philippe de Champaigne of the artist’s wife.
From the website of Radio Prague, 15 April 2008
Un tableau de Philippe de Champaigne Ă©merge de lâoubli
Ceux qui aiment lâart solennel et un peu austĂšre de Philippe de Champaigne ont une occasion unique de dĂ©couvrir la facette plus intime, plus lyrique de la crĂ©ation de ce portraitiste attitrĂ© du cardinal Richelieu. Ils peuvent voir au palais Ć ternberk au ChĂąteau de Prague un beau portrait rĂ©cemment identifiĂ© comme celui de la femme de lâartiste.
Câest la conservatrice de la Collection dâart ancien de la Galerie nationale de Prague Anja Ć evÄik qui a rĂ©ussi Ă identifier ce chef dâĆuvre :
«Le tableau a Ă©tĂ© achetĂ© en 2000 pour la Galerie morave de Brno et Ă©tait prĂ©sentĂ© dans le cadre de la collection dâart flamand en tant quâĆuvre dâun maĂźtre flamand anonyme de la premiĂšre moitiĂ© du XVIIe siĂšcle. (âŠ) Nous sommes heureux que les recherches aient dĂ©montrĂ© quâil sâagit dâune Ćuvre du portraitiste le plus brillant de la France du XVIIe siĂšcle.»
Bien quâinfluencĂ© dâabord par Rubens, Philippe de Champaigne ne sâest pas laissĂ© sĂ©duire par lâopulence du style baroque. Il a pratiquĂ© un art plus austĂšre et plus spirituel qui lui a permis de devenir une des grandes figures du classicisme français. Anja Ć evÄik rappelle l’itinĂ©raire de cet artiste:
«Philippe de Champaigne est nĂ© Ă Bruxelles et ses racines flamandes se manifestent nettement aussi dans ce portrait. Lâart du dĂ©tail et la facture quasi naturaliste que nous voyons sur ce tableau sont justement les traits que nous admirons dans lâart flamand. A lâĂąge de 19 ans le peintre est arrivĂ© Ă Paris oĂč il allait rester jusquâĂ la fin de sa vie. Il sâest imposĂ© trĂšs vite en tant quâartiste sollicitĂ© par la meilleure clientĂšle. Il a participĂ© par exemple Ă la dĂ©coration du Palais du Luxembourg pour la reine mĂšre Marie de MĂ©dicis.»
Visage lisse et tendre, regard pensif, esquisse de sourire aux lĂšvres, bijoux aux symboles de la religion dans un dĂ©colletĂ© chaste – câest cette image de sa femme Charlotte que Philippe de Champaigne a laissĂ©e Ă la postĂ©ritĂ©. Il est Ă©vident que cette jeune femme Ă©tait aimĂ©e par son Ă©poux. Pour saisir son charme naturel et familier, le peintre a optĂ© pour la simplicitĂ© et renoncĂ© Ă lâĂ©talage de luxe. Par contre, chaque petit dĂ©tail de ce portrait est bien soignĂ©, comme si tout ce qui touchait la femme de sa vie, Ă©tait sacrĂ©.
«Le tableau est non seulement le portrait de lâĂ©pouse du peintre mais aussi de lâauteur lui-mĂȘme. Il nous montre comment il a vĂ©cu, quels Ă©taient ses rapports vis-Ă -vis du monde. Je pense que ce nâest pas seulement un trĂšs beau tableau, un excellent portrait sur le plan artistique, mais aussi un tĂ©moignage sur la vie privĂ©e de lâauteur.»
Le bonheur de Philippe de Champaigne nâa pas Ă©tĂ© long. EpousĂ©e Ă lâĂąge de 15 ans, Charlotte est morte en 1638, dix ans aprĂšs son mariage. Le peintre qui devait vivre encore 36 ans, ne sâest jamais remariĂ©. Ceux qui dĂ©sirent voir le visage de cette femme irremplaçable trouveront le portrait au palais Ć ternberk jusquâau printemps 2009. Au dĂ©but de lâannĂ©e prochaine le tableau sera repris par la Galerie morave de Brno.