Curators
Hans Devisscher and Hans Vlieghe*
From the exhibition website
La rétrospective Rubens organisée par le Palais des Beaux-Arts de Lille, propose un aperçu de la diversité de l’activité artistique de l’artiste. Le personnage de Rubens fait l’objet d’un intérêt de plus en plus grand, ce qui se traduit par la mise en chantier d’un certain nombre d’expositions importantes. Là où la plupart de ces projets éclairent un aspect partiel de l’œuvre de Rubens, à Lille l’événement est conçu comme une rétrospective classique.
Lille, en tant que Capitale Européenne de la Culture, entend souligner à travers cette exposition son caractère flamand. Au dix-septième siècle, Lille appartenait en effet aux Pays-Bas du Sud et Rubens peignit de nombreuses œuvres pour les églises et les couvents de la ville et de la région.
L’exposition, qui comprend des peintures, des esquisses à l’huile, des dessins et des tapisseries, se construit autour de différentes sections. La première, “Les débuts de Rubens et Rubens en Italie”, éclaire l’œuvre précoce de l’artiste. Des dessins d’après des gravures de maîtres allemands, italiens et hollandais, réalisés avant qu’il n’ait acquis le titre de franc-maître, illustrent l’intérêt précoce de Rubens pour l’art. A part quelques peintures datant d’avant 1600, cette section montre essentiellement des oeuvres peintes en Italie, tant à Mantoue, où il était peintre de la cour du duc de Gonzague, qu’à Rome, où il réussit grâce à son frère Philips à s’intégrer dans les cercles humanistes et néo-stoïciens, ou à Gènes, où il peignit de superbes portraits pour l’aristocratie locale. Un ensemble de dessins illustre l’intérêt voué par Rubens à l’Antiquité classique et à la Renaissance italienne.
Une deuxième section se penche sur les commandes de la bourgeoisie et les œuvres profanes réalisées par Rubens après son retour d’Italie. Nicolaas Rockox, Cornelis van der Geest et Balthasar Moretus y jouaient un rôle de premier plan. Ces trois résidents anversois commandèrent chez Rubens des œuvres pour leur propre compte (des portraits ainsi que des peintures d’histoire) et pour les institutions et églises avec lesquelles ils entretenaient un rapport particulier. De plus, ils appartenaient tous les trois au même cercle humaniste auquel se rattachait aussi Rubens. Cette deuxième section éclaire également les commandes officielles, comme le tableau destiné à la Salle des Etats de l’Hôtel de Ville d’Anvers ainsi que les décorations de la ville réalisées à l’occasion de la Joyeuse Entrée de l’archiduc Ferdinand. Ce groupe compte par ailleurs des œuvres profanes dont le commanditaire reste inconnu, parmi lesquelles des paysages et des tableaux mythologiques, ainsi que des œuvres peintes par Rubens pour lui-même ou pour sa famille.
En dehors de la bourgeoisie, le clergé fournit aussi de nombreuses commandes à Rubens. Ces œuvres font l’objet d’une troisième section. Les jésuites anversois jouèrent un rôle primordial dans ce contexte. Rubens peignit des retables pour leur église, réalisa une série de plafonds et contribua à la décoration architecturale et sculpturale de l’édifice. L’apport de Rubens dans l’aspect final de l’église des jésuites était tel, que nous y consacrons toute une sous-section. A travers ses œuvres destinées aux églises d’Anvers et d’ailleurs, Rubens laissa son empreinte sur la peinture religieuse de son époque. Ses chefs-d’œuvre traduisaient également les idées de la contre-réforme. L’exposition montre plusieurs tableaux d’autel et dévoile la genèse d’un certain nombre d’œuvres à partir de dessins et esquisses. Dans cette section, les œuvres que Rubens réalisa pour les églises et couvents situés dans le territoire qui correspond aujourd’hui au Nord de la France, reçoivent une attention toute particulière.
Peintre de la cour d’Albert et Isabelle, Rubens réalisa de nombreuses commandes sur ordre des archiducs. Mais il compta également d’autres cours européennes parmi sa clientèle. Ainsi le mécénat princier et aristocratique constitue l’objet de la quatrième section de l’exposition. Pour les archiducs il peignit des portraits, mais aussi des œuvres enrichissant leur propre collection et des retables pour les nombreux couvents et églises qui bénéficiaient de leurs dons. Par ailleurs, Rubens travailla entre autres pour les cours française, anglaise et espagnole. A part les commandes individuelles et les portraits, cette section accorde beaucoup d’attention aux grandes séries, telle que celle de Marie de Médicis et Henri IV, les plafonds peints du Banqueting Hall au palais de Whitehall et les décorations pour la Torre de la Parada. Outre les souverains eux-mêmes, cette section aborde également les portraits et les commandes des diplomates, des courtisans et des commandants militaires, tels que Richelieu, Leganes, Olivarez, Spinola, Arundel et Buckingham.
Bien que Rubens fût avant tout un grand peintre, il s’intéressa aussi à d’autres pratiques artistiques. La cinquième section de l’exposition éclaire les quatre séries de tapisseries pour lesquelles il créa les cartons : l’Histoire de Constantin, Le Triomphe de l’Eucharistie, l’Histoire d’Achille et l’Histoire de Decius Mus. Quoique ces séries s’accordent parfaitement avec les sections consacrées au mécénat de la cour (les deux premières) ou aux commandes privées (les deux autres), elles constituent le cas échéant, une section à part. L’apport de Rubens dans ces œuvres est en effet d’un tout autre ordre que dans la peinture. Ici il met son talent de peintre au service d’un autre art. L’exposition montrera les tapisseries accompagnées des esquisses.
Rubens disposa d’un atelier bien organisé, ce qui était indispensable vu le volume de sa production. La dernière section, consacrée à l’atelier, montre des études de têtes, des dessins d’étude anatomique, ainsi que certaines œuvres de Rubens d’après d’autres artistes. Ces compositions n’étaient pas mises sur le marché, mais étaient conservées à l’atelier pour servir d’exemple. Dans la même section, nous retrouvons aussi les œuvres peintes par Rubens en collaboration avec d’autres maîtres qui ne travaillaient pas dans son atelier.
Catalogue
Arnauld Brejon de Lavergnée, Barbara Brejon de Lavergnée, Hans Devisscher, Alexis Donetzkoff*, Jacques Foucart*, Barbara Gaehtgens, Natalia Gritsaï*, Alexis Merle du Bourg, Jean Vittet and Hans Vlieghe*, Rubens, Lille (Palais des Beaux-Arts) and Ghent (Snoeck) 2004. 320 pp. ISBN 90-5349 500-2.